Historique du Monoski

Année 60/70: La préhistoire

Le premier monoski connu est inventé par Jacques MARCHAND. Le brevet est déposé le 11 mai 1961 et publié le 27 octobre 1964. Le ski est parallèle avec une spatule perpendiculaire arrondie. Il en fait la promotion sur la côte Est des Etats-Unis, une vidéo promotionnelle le montre même dans la neige de Central Park. Il y séduit Howard HEAD, et va jusqu’à donner son brevet à la Hexcel Corporation.

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Au printemps 1969, Mike DOYLE, surfeur professionnel légendaire, fait un séjour au ski sur la côté Ouest des Etats-Unis. Il y a l’idée de surfer la neige. Cette idée va l’obséder. Il fabrique son premier SINGLE-Ski en fibre de verre et en résine comme si c’était un surf (dont il avait une longue expérience de construction), et utilise des fixations classiques de ski alpin. Le ski est parallèle avec une spatule en doubles arcs pointus. Pendant son premier test, il constate que le flex n’est pas équivalent à celui d’un ski. De plus il arrache les fixations, il décide donc d’ajouter 2 morceaux de mousse en forme de cône à l’avant et à l’arrière pour améliorer le flex, ainsi que du bois dur au centre de sa planche pour la solidifier. Aux essais suivants il arrache de nouveau les fixations. Par chance un technicien se trouvant là comprend le problème et lui donne la solution. Les premières glisses sont difficiles, mais après quelques temps il skie, comme il l’avait rêvé ! Rapidement il suscite la controverse lorsqu’il skie avec quelques pisteurs de Jackson Hole. Il ne les impressionne pas, mais les intimide. En effet, ces pisteurs avaient passé leur vie à apprendre à skier parfaitement et en seulement quelques descentes, Mike les égale ! Bien que les pisteurs ne désirent pas voir ce nouveau jouet se répandre, l’industrie se chargera de le faire.

En 1970, Hans SCHMID invente une double plate forme avant et arrière pour 2 chaussures côté à côté montée sur un ski classique.

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Au printemps 1971,Mike DOYLE fait une vidéo de promotion avec un copain de surf, Bill BAHNE, qui l’avait aidé, sous le titre “Fins Unlimited” avec le concours de LANGE. En novembre 1971, le premier article sur le SINGLE-Ski paraît en page 94 de Ski Magazine, avec comme titre “Mec, je peux à peine skier avec 2 skis. Comment pourrais-je skier avec un seul ?”.

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En 1972, Stephen D. FREEGARD invente une plate forme unique pour 2 chaussures côte à côte, montée sur un ski classique.

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En 1973, Sergio FABRICE invente une sorte de “trottinette-monoski” pliante avec une selle amortie.

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En 1974, Norman B. FISH invente une fixation au niveau du ski pour 2 chaussures côte à côte sur un ski classique avec un stabilisateur.

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Au début des années 70, Mike Doyle équipe des copains et se fait filmer par Dick BARRYMORE au Canada. Le court-métrage remportera des prix cinématographiques en Europe (festival du film Uhaina) quelques années plus tard et suscitera un vif intérêt, en particulier la scène où Mike Doyle et Joey CABEL exécutent 268 virages en forme de 8 parfait dans de la neige immaculée. Powder Magazine utilise la photo de ces virages dans une de ses premières éditions de 1973. Cet événement conduit a des concours : tout le monde cherche à battre le record. Il y a aussi des images de Dick Barrymore réalisant ses premières glisses en SINGLE-Ski. On le voit, après quelques mètres à peine, tourner parfaitement sur l’arrière. C’est le déclic que retiendra l’industrie du ski.
C’est l’année où Mike Doyle et Bill Bahne démarchent la Hexcel Corporation, la même qui s’était occupée de Jaques Marchand 9 ans auparavant. Le conseil d’administration leur demande : “Que va-t-on pouvoir faire avec ce nouveau SINGLE-Ski ?”. Mike parle avec passion de cette nouvelle forme de glisse. La Hexcel Corporation, visiblement impressionnée, lui offre un contrat d’1 an, un Van, 80 000$ et un pourcentage sur les ventes, pour faire la promotion de son invention sur le terrain. A la sortie de la réunion, Bill Bahne convainc Mike de produire le SINGLE-Ski par leurs propres moyens. Mike accepte et Bill commande les machines qu’il veut utiliser pour lancer la fabrication. En 1973, ils déposent le brevet sous le nom : BAHNE DOYLE SINGLE-Ski.

Il est temps d’aller sur le terrain pour vendre la dernière invention de glisse. Dick Barrymore, avec son film vedette “Mountain High” de 1973, est la première compagnie cinématographique sur le SINGLE-Ski. Cela fait une excellente publicité à Mike Doyle pour son SINGLE-Ski fabriqué en aluminium structuré en nid d’abeille. Bill Bahne rencontre des problèmes de fabrication et ne peut honorer les premières commandes. Après 2 années de promotion, Mike visite enfin l’usine pour tenter de résoudre le problème. Il constate que Bill n’a jamais déballé les machines et que chaque SINGLE-Ski a été fabriqué à la main. Malgré cela Mike embauche 2 commerciaux pour démarcher la Californie.

Dennis THORNE, du sud du lac Tahoe, qui s’était cassé un orteil en faisant du ski dans les Alpes et avait depuis du mal à faire pression dessus, teste le SINGLE-Ski que lui présente Joel KAPLIN, un des premiers représentants en 1974. Il pense trouver là une solution pour skier à nouveau. Convaincu, il devient le premier distributeur de SINGLE-Ski en 1975 et deviendra le point de rendez-vous des monoskieurs d’Amérique du Nord. Malgré cela un produit doit être disponible pour être vendu…


En 1976, Mike Doyle découvre le premier “Winterstick Snowboard” conçu par Dimitrije MILOVICH et voit son rêve réalisé… par un autre. Il comprend que c’est un sérieux concurrent au SINGLE-Ski : même si les premières fixations sont archaïques, les sensations sont là. Les problèmes de production persistant, l’association est rompue. Mike Doyle part dans la Sun Valley, en Idaho. Il sous-traite la production des SINGLE-Skis à Rick BERNETTO, qui crée la “US Ski Company” après avoir racheté les droits à Bill Bahne. La “RD Solid” conserve la forme mais le cœur est réalisé en mousse. La société revendra ses droits, ses machines et ses stocks à la Ski Tech Research, fondée par Steve CHICHINSKY, fin 1983. Celui-ci investit 50 000$ dans la recherche et le développement de nouvelles formes, de nouvelles tailles, de nouveaux matériaux, en particulier la fibre de verre.

Dave & Don BRUCE, au lac Tahoe, réalisent alors la recherche et le développement, Dennis Thorne s’occupe des ventes pour le compte de Bill Bahne, qui continue à produire sous le nom “BAHNE SINGLE-Ski”. Les “Bahnes” sont dans tous les magasins de location locaux avec contrat d’exclusivité. Tout va bien, cependant un petit obstacle apparait : les snowboards sont interdits dans un grand nombre de stations et par là-même, le SINGLE-Ski. Dennis Thorne démontre alors aux pisteurs et aux directeurs de stations que le SINGLE-Ski répond aux règles de sécurité, contrairement aux snowboards équipés de fixations par élastiques. Il est à nouveau autorisé. C’est la naissance d’une légende locale, mais le SINGLE-Ski ne sort pas de la région. La production bat son plein, sans pour autant s’industrialiser.


Années 80 : L’âge d’or

Au printemps 1978, Maritxu DARRIGRAND, la compagne d’Yves BESSAS, importe en France les 2 premiers “Bahnes” que lui a confié Mike Doyle. Philippe LECADRE, Alain REVEL puis Pierre PONCET, des chamoniards, testent le SINGLE-Ski et deviendront plus tard les gourous du mouvement de “La Glisse”.
Dans la saison, un producteur du Jura commence à produire des répliques sous l’appellation “Petite Jeannette”. Ces répliques ont été créées par l’association NAMASTE de Philippe Lecadre et Alain Revel pour la promotion du monoski.
Ce monoski sera testé sur la face nord du Mont Blanc par Jean-Paul FRECHIN en mai 1979 sur un dénivelé de 3600m.

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Le premier monoski de production, le “Pierre Poncet”, a été réalisé en 1979 en France, par la société DURET. Michel Duret est le plus actif dans la promotion de ce nouveau sport, en laissant aux stations des planches de prêt. Peu de temps après, le monoski est distribué par de nombreuses enseignes. Son seul concurrent, jusqu’en 1982, est Rossignol avec le modèle “Soleil”. Ces 2 modèles ressemblent au Single-Ski.
Pendant ces 2 ans, Gillaï SZEKELY développe avec l’aide d’Eric SAERENS 25 nouveaux modèles dans son Atelier baptisé “Point Sud”. En 1981, il les présente à Rossignol et deviendra leur designer.

En 1982, TUA produit le “Tueur” de forme similaire, d’un poids différent mais de taille identique : 185 ! En France, le monoski devient un phénomène de mode et de nombreuses compagnies suivent le mouvement. La première compétition de monoski a lieu en Italie et est sponsorisée par CARTIER. La suivante se déroule en France, dans la station de Vars Les Claux dans les Hautes Alpes.

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En Mars 1983, en Maurienne, Monoski&Co. produit un modèle différent, en queue d’hirondelle. Il se skie plus facilement mais sa structure composite en bois amène des coûts de fabrication prohibitifs (1200 F de l’époque, soit 180€). Ces monoskis sont néanmoins distribués en France par Gérard GOUJON depuis les Arcs, et aux états Unis en remplacement des “Bahnes”, par John BISE dans son magasin Sunshine Sports à Anchorage, Alaska.

Fred VAILLANT et Benoît SERREL créent le BeBop dans un petit atelier de Sallanche en Haute Savoie. Philippe LECADRE a le privilège de le tester alors qu’il est encore à l’étude. Le BeBop est véloce, léger, plus étroit, plus nerveux et mieux réparti en souplesse, il offre un touché de neige jusqu’alors ignoré.
Le monde des bosses et des “Wedzés” (mot de la langue franco provençale Savoyarde signifiant virages ou glissades) est enfin complètement à sa portée pour rivaliser, non pas en puissance, mais en finesse avec les skieurs classiques.

Philippe LECADRE & le BeBop

Philippe LECADRE & le BeBop

En février 1984, Rossignol organise un show pour dévoiler un des 25 modèles développés en 1981. Un monoski plus facile, que même les débutants peuvent utiliser : Le PinTail.
Duret produit alors le “PanAm” sur la même base : le ski est effilé vers l’arrière avec une spatule arrondie. Le déclenchement de virage est facilité et la finition glissée est souple : l’idéal pour les débutants. Le succès est immédiat, et toutes les compagnies se mettent à produire des PinTails, mais le “PanAm” restera le plus populaire.

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Rossignol sponsorise la série Apocalypse Snow 1, 2 & 3. On peut voir dans la première partie du premier film les premiers modèles “Soleil” et des prototypes sans sérigraphie, puis dans la seconde partie des PinTails avec semelle grise et des oiseaux. Cette publicité contribue à populariser la pratique, à augmenter le volume des ventes et à créer des événements.

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En mars 1983, Joël GERY décède lors d’un entraînement au derby des Grands Montets, lui et son coéquipier se percutent à pleine vitesse, cet accident est fatal pour Joël GERY, qui décédera pendant son transfert à l’hôpital. Pour honorer la mémoire de Joël et lui rendre hommage, sa sœur Annette GERY et deux de ses amis, Phillipe LECADRE et Eric SAERENS, décident de créer en 1985 un rassemblement de monoski : l’idée de départ était de faire un événement festif destiné à faire circuler la joie et la bonne humeur, tout ceci dans un cadre très costumé, sans véritablement se prendre au sérieux. Cet événement va innover et va permettre aussi de faire découvrir le monoski dans une épreuve de bosses… il deviendra le mémorial Joël GERY, le plus grand rassemblement de monoski du monde, il ouvrira à guichets fermés, jusqu’à 350 monoskieurs, et au fil des ans ce mémorial s’étoffera de 3 épreuves sur un jour : un super G de plus de 1000m de dénivelé, des épreuves de sauts dans un half-pipe naturel (cette épreuve, réputée aujourd’hui dans le monde du snowboard, est une innovation qui a été lancée par le monde du monoski), et la journée se terminait par une épreuve dans les bosses par élimination directe.
Ce mémorial a réuni tous les meilleurs monoskieurs de la planète. La première édition a été remportée par Jean-Yves PERRY, des Arcs, dans le team “Apocalypse Team”, et pour les femmes par Véronique PERILLAT, de Chamonix.
Il est bon de rappeler que depuis ce rendez-vous, certains sont devenus des stars dans le monde du ski : notamment Richard GAY, médaillé de bronze en bosses aux JO et vainqueur du dernier mémorial en 1990, ou encore Stéphane LAGARDE et Arnaud ADAM, champion du monde de free-ride.

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Affiche Mémorial Joël GERY

Anne GERY obtient un contrat avec une société de cigarettes pour une tournée de démonstration de sauts (saut périlleux avant, saut périlleux arrière, vrille, hélico…) regroupant 10 dates. L’équipe, qui se nomme La bande à Mono, se compose d’Eric SAERENS, Olivier MICHAUD, Gilles ZEKELY, Anne GERY, Alain TOLOSA et Philippe LECADRE.

En 1985, la première compétition publique de monoski est organisée à Vars, dans les Alpes du sud. C’est un derby. Le derby suivant est organisé à Chamonix, et cette épreuve deviendra la plus populaire dans le monde du monoski.
Monoski&co cessera son activité en 1985 car la production (trés) artisanale ne suivait pas le rythme des commandes et ne répondait pas aux problèmes de service après-vente.

En 1986, le premier championnat est organisé avec la FFS pendant que les constructeurs figent la forme. En 1986, Gillaï Szekeli quitte Rossignol, qui a finalisé sans son approbation le “Blade Runner”, pour aller chez Nitro. Il y développe un produit similaire au “BeBop”, le “Cham”, avec 3 flexs différents. Le ski est extrêmement étroit, presque parallèle avec une spatule en doubles arcs très pointus. Le BeBop Subterfuge, comme le Nitro Cham, sera un must au point de rencontrer des problèmes d’approvisionnement.

NITRO: Le Cham.

NITRO: Le Cham.

BeBop: Subterfuge

BeBop: Subterfuge

BeBop: Subterfuge

BeBop: Subterfuge

A la fin de l’année 1986, LACROIX se lancera dans l’aventure et produira jusqu’à 6 modèles différents, Cette marque aura l’image d’être le premier fabriquant à produire des monoski de qualité et digne d’une solidité à toutes épreuve… ce qui n’était malheureusement pas le cas chez ses concurrents, notamment BeBop.

A cette époque, Duret vend 60 000 monoskis pendant que Rossignol en vend 10 000 et que Head et Look en vendent 2000, pour un total de 120 000. Le monoski devient un phénomène de masse en France, et commence à gagner l’Europe.

Rossignol décide de démarcher les Etats-Unis en tournant des scènes d’Apocalypse Snow dans le Grand Canyon. Une tournée dirigée par Philou AZAIS est organisée sans grand succès. Duret y connaît aussi un succès modéré. Eric DARSONVAL, un ami de Jean-Philippe THEVENOD qui travaille chez Duret, tente sa chance et crée la “DARSONVAL Monoski”. Steve CHICHINSKI, qui produit le SINGLE-Ski, tente de se rapprocher des Français sans succès. Sa société, la Ski Tech Research, après avoir vendu 300 monoskis sur une production du double, accuse une perte de 250 000$. En 1987, il revend sa licence au Japonais Mike LISH qui, avec sa mère, fonde la Yama Board and Ski Company en Californie du sud. En 2005, Chad HOUCK, qui est associé à la marque depuis 1991, d’abord comme client puis comme participant à la fabrication, prend les rênes de la production, et emménage dans de nouveaux locaux à Ridgecrest, Californie. Puis en 2007, la demande dépasse les capacités de production et nécessite une expansion de l’usine, qui coïncide avec le changement de nom, de “Yama” à “Coda”, rendu nécessaire par des questions de licence.

Les Français établissent de bons canaux de distribution avant de repartir. Mais l’échec s’explique par le manque de formation des distributeurs ainsi que par le classicisme du consommateur américain. Le marché reste couvert par 5 grandes marques. Look, Dynastar et Dynamic sont aussi présentes, ainsi que BLIZZARD à l’Est et en Alaska. Eric Darsonval continuera de démarcher l’Utah et le Montana, avec son PinTail sous-traité chez Duret à l’arrière de sa camionnette. Il finit par créer un noyau dur de passionnés dans le cœur des rocheuses. Philippe RUSSMAN démarche l’hémisphère sud avec un succès tout aussi mitigé. Christophe VAQUIER et Malik BERKANE démarchent le Japon sans grand succès non plus (1000 pièces vendues en 1992).

En 1987 au Trophée nouvelles sensations de Tignes, on retrouve pratiquement pour la dernière fois la team BeBop.

Team BeBop

Team BeBop

En 1988, les épreuves de vitesse gagnent le monoski avec un record à 180km/h de Vincent GUINCHARD. Malgré la promotion et l’implication de l’industrie, le monoski a du mal à trouver sa place auprès du grand public. Sa pratique demande plus de technique que les autres glisses et le matériel reste peu tolérant à la faute.


Années 90 : Le déclin

En 1989, les derbys et les compétitions sont arrêtés. Le “BeBop” quitte la production et la plus grande fête jamais réalisée autour du monoski célèbre sa mémoire. Il continue à être produit de manière artisanale jusqu’en 1999. Eric Darsonval vend le “Breckenridge”, son dernier monoski, avant de rentrer en France. C’est le début du déclin du monoski. La presse le range au rayon des jouets. Kent HUNTER lance pour les débutants la “World Board”, un snowboard basé sur le modèle de Dimitrije MILOVICH. L’industrie, déjà équipée pour les planches larges, suit la mode. Mike LISH chez YAMA produit le “I.C.B.M.” (Incredible Carving Ballistic Missile) sur ce modèle de snowboard en poussant le concept encore plus loin. Le ski est effilé vers l’arrière, très creusé au centre avec une spatule en double arcs pointus et un arrière fendu en V.

Jean-Philippe Thevenod, chez Duret, crée le World Cup. Le ski est effilé vers l’arrière, creusé au centre avec une spatule en doubles arcs pointus.

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Le ski est beaucoup plus facile à déclencher mais la mode est passée. De plus, les mauvaises conditions de neige des années qui viendront ne faciliteront pas la promotion d’une glisse de poudre. Il a comme défaut d’être lourd et d’avoir une spatule extra large qui dénote face au snowboard. Avec sa forme symétrique très creusée, ce dernier tourne sur la glace mieux qu’aucun monoski ne pourra jamais le faire.

En 1993, C.J. TURNER, alias “Turbo”, est recruté pour promouvoir le monoski dans des shows à l’américaine de 2 à 3 jours, le “Turbo Tour”, pendant 2 ans. Il parcourt la montagne en chantant “Mono… mono… mono” et les skieurs sur les télésièges en le voyant crient “GO TURBO !”. Malgré cette publicité efficace, la pratique ne se développe pas. Look cesse la fabrication, suivent Blizzard, Tua, Dynamic puis Dynastar avec son populaire “Non Stops”, et enfin Bahnes avec le “Potato Chip Special”. Duret réduit sa gamme. La mode du snowboard est une réalité aux Etats-Unis et dans le reste du monde.


En 1995, ROSSIGNOL produit son dernier modèle, l’Extrême. Yama se reconvertit au snowboard. Duret ne possède plus que deux modèles au catalogue, le “Free” et le “Best Off”, au lieu de 17 auparavant.

Le Free, planche polyvalente destinée aux débutants :

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Le Best Off, planche destinée à une utilisation piste :

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Le World Cup reste facile à skier, mais il rencontre des défauts de construction, les présentations changent peu et la forme en cuillère ne séduit pas. L’entreprise rencontre des problèmes internes avec de multiples changements de propriétaires empêchant les décisions commerciales et industrielles d’être prises. Le responsable monoski, Jean-Philippe Thevenod, n’abandonne pas.

FREESURF fabrique un modèle tout bois de 18mm facile à déclencher et très agréable. TRANSONIC fabrique le “Gyrostick”, un mini monoski fabriqué pour les sauts et uniquement disponible au Japon en petite quantité.

En 1996, C.J. TURNER alias “Turbo” aide au développement du “Mako” de SNOWSHARK, un modèle similaire au PinTail. LUNARBOARD crée un modèle stable de 30mm idéal pour la poudreuse.

En 1997, WHITEKNUCKLE crée un PinTail parabolique et un AllMountain.


Années 2000 : Le renouveau

ALUFLEX, fabricant de longs skateboards, commence aussi la fabrication de monoskis. Le monoski PHI naît de la passion et de la collaboration de trois personnes, à la fin des années 90 :

  • Marc DUCOURTIL, shaper surdoué et Géo-trouvetout de la glisse
  • Jean-Philippe CASANOVAS, monoskieur de son état, (cinquième temps scratch au Derby de la Meije 91) qui ne trouvait plus de planche qui carve suffisamment
  • Daniel SERRE, ébéniste, repreneur d’Aluflex (à l’époque fabricant de ski), passionné, désireux de faire progresser son entreprise et de presser de nouveaux modèles.

Jean Philippe CASANOVA disait : “Il nous fallait concevoir à ce stade du marché du monoski et de l’entreprise, une board qui changerait la manière dont on faisait du mono, sans pour autant investir des sommes considérables en recherche et développement. L’idée de départ était de concevoir un monoski hyper performant et hyper polyvalent, dans l’idée des skis paraboliques qui commençaient à sortir à ce moment-là, et les neiges artificielles en béton armé pour lesquelles nous commencions à nous dire qu’il n’y aurait peut-être plus que ça pour rider.”

Le PHI sera composé d’une plaque en alliage de titanal, un alliage qui permet d’avoir de la malléabilité et de la flexibilité, un monoski taillé pour la vitesse.

Quelques fabricants avaient commencé dans cet esprit quelques années auparavant, les World Cup de Jean-Philippe THEVENOD et surtout les KickOff de CHABERT.

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DURET sortira l’Anniversario sur les bases et les cotes du PHI, mais sans la plaque de titanal…


En 1998, WhiteKnuckle sponsorise le “Derby de la Meije”, organise 2 “Monopalooza”, ainsi que le “Mike Doyle Invitation” à Copper Mountain, Colorado. Mike y participe et rechausse un monoski pour la première fois depuis 1983. Il fait don de son prototype au musée du ski de Vail, Colorado. Il demande que soit créé un nouveau modèle très creusé et totalement symétrique : Snowshark crée le “TigerShark”.

En 1999, Rossignol vend ses derniers stocks. Snowshark crée un modèle court pour débutants.

Durant l’hiver 1999/2000, l’Association Française de Monoski (AFM) est créée, sous l’impulsion de quelques amis.

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LUNAR et WhiteKnuckle créent un hybride entre le “BeBop” et le “NitroCham” de Gilles Zekeli. WhiteKnuckle organise une tournée promotionnelle de 3 mois qui comptera 700 participants avec une réussite de 90% et sans aucune blessure.
Duret cesse ses activités. Jean-Philippe Thevenod, avec d’autres employés, rachète l’entreprise. La gamme de monoskis est redéveloppée. Le “World Cup” est redessiné avec la même taille de guêpe et un talon relevé.

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Le Magnum, un freeride bi-spatulé et carvé, voit le jour.

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Swell Panik, le plus ancien fabricant de snowboards d’Europe, commence la fabrication de monoskis pour le derby et les amis.

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Snowshark crée un modèle en fibre de carbone, le “Mountain Gun”.


En 2002, l’U.S.M.A. (United States Monoski Association) est créée, ainsi que la M.A.J. (Monoski Association of Japan) . L’A.F.M. crée la Monopride. L’U.S.M.A. fait une tournée de démonstration.
Snowshark organise 2 “MonoMotion”. La pratique se restructure et le dynamisme renait. David ARNAUD et Xavier COUSSEAU rivalisent pour dépasser les 200km/h.

Cette même année, Jean-Philippe Thevenod demande à Daniel Serre de concevoir un Duret Magnum avec une plaque de Titanal, cette idée amènera finalement Aluflex à concevoir son propre monoski polyvalent… Le Magnum avec une plaque de titanal ne verra donc jamais le jour, par contre le VENT DIVIN était né:

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En 2003, l’usine DURET est définitivement fermée. Une poignée de riders remontent la marque avec Jean-Philippe Thevenod.

En 2004, Duret présente la plus grosse collection de monoskis.
La même année, Fred Jan DEKKER invente une sorte de Jet monoski à bras articulé et sans selle.

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En 2005, Transonic crée le “Gyrostick Universe”.

Il manquait à Aluflex un Monoski de Freeride : cette année-là, Daniel Serre sort l’AIGUILLE VERTE. Sa forme et les cotes définitives de son talon seront validées par Gilbert GENOUD sur les versants des Grands Montets à Argentière.

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Une série en 2,01m avec ajout de Kevlar, baptisée “Xavier DURET”, sera conçue, en hommage à sa victoire au Derby de la Meije. A ce jour, elle reste la planche la plus efficace pour les épreuves de Derby.


En avril 2006, le nouveau record du monde de vitesse en monoski est établi par X. COUSSEAU à 212,30 km/h.

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En 2006, DURET présente un monoski de poudre, le “Mountain”

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En 2007, DURET sort le “KL” pour l’initiation au Kilomètre Lancé. Il est aussi très apprécié pour les derbys et la vitesse en générale.

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En 2008, DURET met sur le marché les 300 dernières pièces du fameux “Monocross” des années 80, retrouvées dans une grange !!

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Le MAGNUM est restylé et deviendra une planche polyvalente 30% P et 70% HP, elle rencontrera un grand succès chez les pratiquants et deviendra le fer de lance des ventes chez Duret.

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Le dernier opus d’Apocalypse Snow sort cette année-là. Malgré de belles scènes, on ne retrouvera pas l’esprit qui a fait le succès de la trilogie des années 80.

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Années 2010 : L’accélération

En 2009, DURET crée le “Tricks”, le premier monoski pur freestyle bi-spatulé.duret-tricks

DURET sort une très belle planche Collector : l’Alexia

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Il y aura 30 exemplaires en fabrication…

En septembre 2010, l’association TKB, de Chamonix sous l’impulsion de Pierre BRUN (Pif), et à l’image de l’association NAMASTE en 1978, distribue deux nouvelles planches pour promouvoir le monoski : l’Alpine Rocket 178 et la Flake Shot 178.

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DURET fera évoluer son monoski de piste, le Best OFF, en ajoutant une double plaque de titanal à l’intérieur, rendant cette planche idéale pour toutes les épreuves de slalom sur piste…

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La même année sort des établissements BOHEME un monoski fait main : le “Back 80’s”. Il sera distribué par la chaine de magasins “Le Vieux Campeur”.

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Aluflex sortira également en 2010 son premier “MonoSplit” destiné à faire de la randonnée.

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En Février 2011, la société FACTION, forte de ses sept années d’expériences dans le monde du ski, sortira son premier monoski en taille unique de 190cm “VIVE LE MONO” avec une ligne de cambrure issue du brevet de cette même société.

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En Mars 2011, TKB sortira deux nouvelles couleurs et longueurs sur la Flake et l’ Alpine Rocket, passant celles ci à 188cm.

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Toujours dans son élan de développement du monoski de nouvelle génération, TKB sortira une nouvelle planche en cette fin d’année 2011, l’Alpine Rocket 168. Ce monoski à doubles Rockers qui sera destiné aux femmes, aux ados et aux amateurs de free-style.

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En 2012, Swell Panik lancera : l’INCAL sous une première présérie de 5 planches.
Dernière née de la gamme c’est un modèle en queue d’hirondelle de 187 cm, modèle plus court que le CW192 lui conférant une maniabilité plus importante… ce modèle est le premier de la gamme a être équipé de platines et fixations “VIST”

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Fin 2012, TKB lance 3 nouveaux monoskis pour compléter sa gamme

l’Alpine Rocket 198, Cette planche de longueur 198cm sera développée exclusivement pour la pratique des courses et des derbys…

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Flake Shot 198 Ce monoski de longueur 198cm sera destiné aux journées de grosses poudreuse.

Le Kids Rocker monoski de longueur variant de 131 à 151 cm il sera destiné aux enfants de 9 à 12 ans pour l’apprentissage du monoski.

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Fin 2012, Duret remet à jour la fameuse Duret Fun PinTail qui avait rencontré un énorme succès dans les années 1980-90. Elle sera baptisée aujourd’hui la FUN FV.

C’est un Monoski polyvalent et progressif avec un Talon très étroit, possédant un Rocker à l’avant très long et un cambre réduit afin de lui donner une facilité de conduite sur toutes les neiges.
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Egalement en cette fin d’année on découvre chez Duret une nouvelle version bois de la Best OFF selon le modèle créé depuis 1993, elle sera baptisée la Best OFF Wood. La forme reste identique ( Taille de guêpe, et petit rocker avant ). mais cette version bois est plus souple et plus joueuse que sa sœur en titanal. Idéal pour les bosses, les belles courbes sur piste.

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Duret reste le fabriquant qui offre encore à ce jour le plus grand choix de planches spécifiques dont certaines revêtissent de nouvelles couleurs en cette fin d’année…

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EDG ou Esprit De Glisse

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Magnum

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Le Mountain

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La Free

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la Mid Carv

Un grand merci à Scott Gordon, Chad Houck, Eric Saerens, Daniel Serre, J-Philippe Casanovas pour leur aide précieuse dans la rédaction de cet historique.

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